jeudi 5 septembre 2013

L’éradication du christianisme, but ultime du « printemps arabe »


Photо: EPA

La chute du régime de Bachar al-Assad marquera la fin de la civilisation chrétienne en Syrie mais aussi dans toute la région du Proche-Orient, redoutent les experts. Les chrétiens de cette partie du globe sont déjà persécutés et leur vie est en danger. Après le christianisme, ce sera peut-être le tour des autres religions traditionnelles.

Ceux qui mènent aujourd’hui la guerre contre Bachar al-Assad en Syrie sont liés au terrorisme international représenté, par exemple, par Al-Qaïda. Ces gens-là ne respectent pas les religions sauf la leur, ce qui fait que ceux qui ne partagent pas leur conception de la vie et leurs opinions politiques sont proclamés « étrangers », a dit à La Voix de la Russie le président du Conseil des oulémas de l’Association de l’entente islamique des muftis de Russie, Farid Salman.

« Al-Qaïda est l’un des mouvements islamiques rejetant catégoriquement les chrétiens et leur refusant le statut d’hommes. Si l’islam traditionnel considère que les chrétiens et les Juifs sont les gens des Ecritures saintes, les extrémistes, islamistes et autres estiment que ni les chrétiens, ni les Juifs ne peuvent être leurs partenaires dans le dialogue interconfessionnel et ne sont pas considérés comme des êtres humains. C’est ce qu’on observe, par exemple, aujourd’hui en Egypte. C’est également ce qui se passe aujourd’hui en Syrie. »

Farid Salman est convaincu que si les islamistes arrivent au pouvoir en Syrie, l’éradication de la chrétienté sera beaucoup plus implacable qu’en Irak.

« A la différence de l’Irak, en Syrie les relations entre les chrétiens et les musulmans sont beaucoup plus stables et profondes. Si en Irak les rapports interconfessionnels revêtaient un caractère de simple partenariat, en Syrie ils sont plus humains et humanitaires. L’attitude des islamistes envers les chrétiens sera donc totalement différente. Du point de vue des islamistes tout ce qui a un rapport avec le christianisme doit être éliminé. J’ai vu de mes propres yeux l’héritage chrétien en train d’être détruit en Syrie. »

En lançant un appel à la croisade contre le gouvernement de Bachar al-Assad les pays occidentaux n’ont pas pensé que par là-même ils signaient l’arrêt de mort du christianisme en Syrie, explique le politologue Ajdar Kourtov, expert de l’Institut d’études stratégiques de Russie.

« Les déclarations des politiques occidentaux et les publications de la presse occidentale montrent que les problèmes évoqués en liaison avec la Syrie concernaient en général les violations du droit humanitaire international protégeant la population civile alors que les problèmes interconfessionnels n’étaient pratiquement pas abordés. »

Selon de nombreux historiens et politologues, la présence des chrétiens en Syrie et au Proche-Orient constituait une sorte de garantie du maintien et du renforcement des positions de l’islam traditionnel dans la région.