samedi 7 septembre 2013

Israël sous la menace

« Si Damas est attaqué, Tel-Aviv brûlera, » a fulminé un haut responsable syrien la semaine dernière. Face à de telles déclarations, Israël ne peut pas considérer l’escalade de la situation dans le nord avec la sérénité d’un observateur détaché.

On ne peut pas rester passif quand une coterie de puissances maléfiques hurlent des menaces de mort au visage d’Israël dans le contexte d’un affrontement où il n’est nullement impliqué.

Dans un monde plus équitable un comportement de ce genre aurait dû à lui seul perturber la communauté internationale. Mais il est bien illusoire d’attendre la moindre impartialité si c’est Israël qui est impliqué.

Les philippiques* anti-israéliennes en provenance de Damas, de Téhéran ou du bastion du Hezbollah au Liban ne semblent pas avoir beaucoup dérangé les hommes d’État étrangers ni leurs opinions publiques arrogantes, si prompts à condamner Israël pour tout prétendu faux-pas, ce qui est assez remarquable.

(Les Philippiques sont une série de quatorze discours prononcés par Cicéron en -44 et 43 av. J.-C., attaquant de plus en plus violemment Marc Antoine.)

De plus, les allusions voilées de Moscou sur les répercussions gravissimes pour la région toute entière d’une attaque éventuelle des Américains contre le régime de Assad sont des menaces indirectes de punition adressées à Israël.

Pendant ce temps, les spécialistes israéliens confrontent des hypothèses savantes pour savoir si nous sommes vulnérables, si Bachar Assad a intérêt ou non à nous attaquer, si nous devons riposter et comment.

Ces bavardages sont superflus pour la plupart. Indépendamment de ce qu’il va arriver, tous les Israéliens doivent être profondément troublés par la grande indifférence de l’étranger pour notre sort – alors que l’on ne peut nous faire aucun reproche en ce qui concerne le conflit syrien. Le seul fait qu’un pays voisin puisse être pris en otage pour des événements sur lesquels il n’a aucun contrôle devrait choquer l’opinion mondiale. Mais il n’en est rien.

Il faut faire grâce aux Israéliens s’ils soupçonnent que la réaction aurait été radicalement différente si un autre pays avait été menacé de cette façon, sans avoir commis la moindre faute. Malheureusement nous devons bien envisager l’hypothèse que des critères différents sont en usage à l’égard de l’État juif.

C’est là une réminiscence déconcertante de l’expérience traumatique que nous avons vécue lors de la première guerre du Golfe. À l’époque les événements se déroulaient aussi en dehors de la sphère israélienne. Néanmoins, le pays avait été soumis à de dures attaques de missiles, dont 40 tirs de Scuds. Les fusées irakiennes visaient directement et délibérément les centres de population civile.

Saddam Hussein croyait qu’en attaquant Israël il frappait les États-Unis. Dans la vision de trop nombreux despotes et potentats du Moyen-Orient, Israël n’est rien d’autre qu’un appendice de l’Amérique.

À l’époque aucune indignation internationale n’avait été audible.

La seule réponse de l’Amérique avait été de demander à Israël de faire preuve de retenue. De fait, Israël s’abstint de riposter, compromettant ainsi son pouvoir de dissuasion et augmentant sa vulnérabilité pour préserver les intérêts de son allié américain.

Mais il n’y avait eu aucune expression de gratitude pour les sacrifices Israël.

Washington exerça seulement des pressions sur notre pays pour des concessions territoriales; il ne mentionna jamais l’agression anti Israélienne de Saddam dans la liste de ses méfaits, traitant visiblement Israël comme une maîtresse dont on exige les faveurs sans jamais le faire savoir publiquement.

L’administration Obama voudrait bien qu’Israël joue à nouveau ce rôle. C’est précisément le comportement que notre pays ne devra jamais reprendre quelles que soient les circonstances.

Cette fois-ci Israël a fait savoir clairement, à travers les déclarations du premier ministre Benjamin Netanyahou, du ministre de la défense Moshé Ya’alon et du chef d’état-major de l’armée le général Benny Gantz, que ce pays et ce peuple ne seront pas des pions dans les guerres déclenchées par d’autres pays.

Il a été soigneusement notifié à nos amis comme à nos ennemis, ainsi qu’à ceux qui agissent dans l’ombre, qu’Israël n’acceptera pas d’être encore une fois une victime expiatoire. Si personne ne peut intimider l’axe chiite qui soutient Assad, avec le concours de pays plus éloignés comme la Russie et la Chine, c’est là un message sans équivoque de la part d’Israël.

Certains analystes israéliens du régime de Assad maintiennent que ce dernier a bien compris que l’Israël de 2013 n’est pas celui de 1990. Ils soulignent qu’il n’y aurait aucun avantage pour lui de s’en prendre à Israël parce qu’il sait bien que de vigoureuse représailles israéliennes scelleraient son destin.

Ces experts ont raison en termes rationnels. Cependant nous avons justement entendu ce genre de prévisions bien étayées avant la première invasion américaine de l’Irak, et elles nous semblaient aussi éminemment raisonnables. Le problème c’est que la région ne fonctionne pas selon notre logique.

Titre original : Threatening Israel

Éditorial de Jerusalem Post du 28 août 2013 - Traduction: Jean-Pierre Bensimon

Source: http://www.israel-flash.com/2013/09/israel-sous-la-menace/#ixzz2eGB5GKxS