jeudi 23 août 2012

Israël. L'État prépare son peuple à une guerre contre l'Iran

Israël vit avec cette peur quotidienne : et si l'Iran disposait de la puissance nucléaire... Ces derniers jours, le climat dans le pays de Shimon Peres s'est particulièrement dégradé, des rumeurs d'une frappe israélienne sur le territoire iranien gagnant la une des médias.


Un climat fébrile s'est installé depuis une dizaine de jours en Israël, entretenu par les déclarations quotidiennes dans les médias de responsables politiques et d'analystes «pour» ou «contre» une opération israélienne visant l'Iran. Avec ou sans l'aval des États-Unis, avec ou sans leur assistance.

Masques à gaz, SMS d'alerte en cas de tirs

Cette inquiétude ambiante est renforcée par la distribution massive de masques à gaz à la population, par la vérification du bon fonctionnement d'un système d'alerte via SMS (envoyés en cas de tirs de missiles ou roquettes) et par des spéculations sur le nombre de victimes israéliennes en cas de représailles iraniennes. Autre élément renforçant le climat de tensions, cette fois-ci sur la scène politique, la Knesset (Parlement) a entériné, jeudi, la nomination d'Avi Dichter, considéré comme partisan d'une ligne dure sur le dossier iranien, à la tête de la Défense passive, un ministère crucial en cas de guerre. Cet ancien patron du Shin Beth, le service de sécurité intérieure, a affirmé qu'Israël «devait se doter de capacités d'attaque» en cas d'offensive contre les installations nucléaires iraniennes. Sa position tranche avec celle d'ex-hauts responsables du ShinBeth et du Mossad (contre-espionnage) ou des Renseignements militaires, qui ont exprimé leur opposition à une attaque israélienne menée sans l'accord des États-Unis. Le président Shimon Peres a, d'ailleurs, provoqué une polémique en déclarant, jeudi, qu'il était «clair» qu'Israël ne pouvait attaquer l'Iran sans l'aide des États-Unis.

Une stratégie à destination des États-Unis

Israël est donc bien sous tension. Une situation qu'a dénoncé l'ancien chef des renseignements militaires, Uri Saguy, ce week-end, dans le quotidien Haaretz: «Il y a une hystérie orchestrée et dont le timing a été planifié pour placer le pays dans un état d'anxiété, artificiel ou non». La multiplication des déclarations publiques sur l'Iran a pour but, en plus de préparer l'opinion publique aux conséquences d'une éventuelle frappe, de pousser l'administration américaine à davantage de clarté sur le sujet, estime Denis Charbit, professeur à l'Université de Tel-Aviv.

Rédaction
Tags : Géopolitique Israël Iran puissance nucléaire frappe israélienne medias Etats-Unis
Une guerre coûterait très cher à l'économie israélienne

Le scénario d'une guerre que pourrait lancer Israël contre l'Iran, et son programme nucléaire, coûterait très cher à l'économie israélienne. Parmi les dirigeants israéliens, seul le gouverneur de la Banque d'Israël, Stanley Fischer, s'est exprimé publiquement: «Une attaque contre l'Iran aurait de graves répercussions, mais nous sommes prêts à faire face aux crises et aux conséquences d'une telle initiative». Un responsable de la Banque centrale a précisé qu'Israël disposait d'un «confortable» matelas de devises étrangères de 75,3milliards de dollars (61 millions d'euros), qui permettrait de «financer sans à-coups nos importations en cas de guerre et de défendre éventuellement le shekel (la devise nationale)».

Près de 300millions d'euros par jour de guerre

Les médias dressent, en revanche, un tableau beaucoup plus sombre en notant notamment que la Bourse de Tel-Aviv, très nerveuse, a connu une série de séances en berne. Le coût de chaque jour de guerre est évalué à 1,5milliard de shekels (300millions d'euros) à condition, toutefois, que seule la moitié de l'économie israélienne soit paralysée par des attaques. Ces dépenses, et le manque à gagner, contraindraient le Trésor à procéder à de nouvelles coupes claires dans les budgets civils pour augmenter les crédits militaires.

Source: http://www.letelegramme.com/ig/generales/france-monde/monde/israel-l-etat-prepare-son-peuple-a-une-guerre-contre-l-iran-21-08-2012-1812694.php